— Eh quoi ! où donc est le mal d’être venu moi-même entendre de vos lèvres ce que vous avez cru charger un autre de me dire…
— Assez ! reprit Madeleine. Je ne rougissais pas de parler à Claudien comme je le faisais ; devant vous, monsieur le comte, j’ai honte… Je comprends l’énormité de ma faute. . Oh ! laissez-moi. . partez. . oubliez-moi. .
En parlant ainsi, Madeleine cacha son visage dans ses deux mains et tourna le dos à Firmin, qui s’était agenouillé devant elle :
— Un mot, un mot de pardon, Madeleine, disait-il, un mot, un regard de vous, et je vous obéis, je pars.
— Que voulez-vous donc savoir de plus que ce que j’ai confié à Claudien ? répéta la pauvre enfant avec une simplicité des plus naïves.
— Vous entendre répéter que vous m’aimez…
— Et que je dois vous oublier… pour commencer ma vie de femme… pour entrer en devoir… comme d’autres entreraient en religion… Eh bien ! oui, monsieur le comte, je consens à vous répéter… ce que vous savez… mais à la condition que vous partirez.
— Mais ce mariage ? demanda Firmin.
— Il s’accomplira selon la volonté de mon père, et au jour fixé…
— C’est impossible ! c’est impossible !
— Rien maintenant ne l’empêchera… répliqua Madeleine avec une résolution et une fermeté qu’elle n’avait pas montrées encore.
— Mais c’est ma mort que vous voulez !…
— C’est mon honneur que je sauve… c’est le remords que je vous épargne… Mais, s’écria-t-elle tout à coup, silence !… je crois entendre mon père… fuyez… il vous tuerait !
— Allons donc !… répliqua Firmin en qui se réveillait