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VOYAGE À VÉNUS

qui nous était promise entraîna notre esprit à des préoccupations littéraires.

— Vous êtes heureux, me dit Mélino, de pouvoir faire de votre littérature avec la nôtre une comparaison qui doit être assez piquante.

— Il est vrai, lui répondis-je, mais si ce rapprochement vous semblait de quelque intérêt, il me serait aisé de vous mettre à même de le faire aussi, en vous présentant un aperçu sommaire de l’état des lettres dans nos contrées les plus civilisées.

— Vous me ferez grand plaisir, car j’aime beaucoup la littérature, comme vous avez pu en juger par l’inspection de ma bibliothèque.

— Chez nous, lui dis-je, l’éclat des lettres et des arts est loin d’avoir uniformément grandi, il s’est manifesté par effusions soudaines et par splendides intermittences, qu’on a nommées les grands siècles littéraires. Toutefois, je suis loin de penser que l’avénement de ces temps privilégiés ait été un pur caprice du hasard. Je crois que la main de Dieu est également libérale pour tous les temps ; seulement les germes célestes qui produisent à certaines époques ces magnifiques floraisons du génie, tombent sur un sol aride ou fertile, au milieu d’un climat propice ou funeste. Le génie et le talent sont des fleurs délicates qui parviennent difficilement à