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VOYAGE À VÉNUS

un troisième rajuste tous ces morceaux littéraires, promène partout le fil de l’intrigue, et le dernier point mis, il livre l’ouvrage, sauf à y faire quelques coupures, si, après l’avoir essayé aux répétitions, l’artiste pour lequel on a travaillé en manifeste le désir.

« La pièce représentée, le public court y voir la célébrité en question, et vous entendez dire dans la ville : — « Êtes-vous allé voir X… dans la pièce nouvelle ? — Non. — Eh bien, je vous engage à n’y pas manquer : la pièce est mauvaise, mais X… y est très-bien. » L’auteur n’en veut du reste pas davantage, la pièce fera de l’argent, et c’est l’essentiel. Il sait parfaitement qu’il n’a pas travaillé pour la postérité, car le premier inconvénient, ou pour mieux dire, le premier avantage de ces sortes d’ouvrages, c’est de ne pas survivre à l’artiste pour lequel on les a confectionnés.

« Grâce à cette soif de succès lucratifs et à cette funeste préoccupation qu’ont la plupart des auteurs de faire rendre à leur imagination la plus grande somme de bénéfices possible, nous voyons naître une profusion d’œuvres hâtives et destinées à durer aussi peu de temps qu’elles en ont coûté. Notre époque est pourtant fertile en remarquables talents, mais nous comptons fort peu de génies : nous avons leur monnaie ; et s’il n’y a plus au firma-

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