Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
VOYAGE À VÉNUS

deurs non moins acerbes, les parias de l’art dramatique, les écrivains qui n’ont jamais pu se faire jouer nulle part et qui se disent, avec amertume, que leurs pièces, si piteusement rentrées dans leurs cartons après avoir tenté le siége de tous les théâtres, valent bien mieux que l’ouvrage représenté. Enfin, je ne dois pas oublier les critiques les plus vifs, les plus malicieux, les plus dangereux : — les amis de l’auteur. Sans doute, en causant entre eux, ils font montre d’une grande admiration pour l’œuvre de l’ami commun, mais cette admiration est acidulée de tant de restrictions confidentielles, de tant de blâmes intimes, qu’elle tourne souvent à l’aigre, et devient une belle et bonne satire.

Mélino me dit qu’à Vénusia le public des premières représentations était plus bienveillant, et les lambeaux de conversation que mon oreille put recueillir me firent juger qu’il disait vrai.

Plusieurs d’entre eux me regardaient avec curiosité, et notamment deux savants, amis de Mélino.


La pièce se continua dans un plein succès et sans les lenteurs des interminables entr’actes qui signalent les premières représentations dans nos théâtres, et que le public s’évertue à abréger, en