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VOYAGE À VÉNUS

ombre épaisse avec laquelle se confondait la couleur de sa robe, et où l’on ne pouvait guère discerner que ses deux larges prunelles luisantes d’une flamme jaune.

De garçon, il n’y en avait pas, maître Schaffner ayant jugé, avec raison, qu’il pouvait seul suffire à cet office. Il l’exerçait avec une bonhomie tout à fait patriarcale, causant avec ses habitués, et, au besoin, leur tenant lieu de partenaire au whist ou au piquet. C’était au demeurant un joyeux compagnon, et sa face épanouie et vermillonnée attestait qu’il était un des premiers consommateurs de son établissement.

— Eh bien, messieurs, dit-il aux deux jeunes gens, comment se fait-il que votre ami M. Volfrang ne soit pas avec vous ?

— Peut-être viendra-t-il dans la soirée, répondit Muller. Nous ne l’avons pas vu de toute la journée.

— Pourvu qu’il ne soit pas malade ! C’est un garçon si pâle et si frêle que je crains toujours pour sa santé.

— Nature nerveuse à l’excès, dit Léo : mais les hommes de ce tempérament sont souvent aussi robustes que ceux qui resplendissent d’embonpoint, et dont votre personne, maître Schaffner, offre, je