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VOYAGE À VÉNUS

— Aussi ne l’essaierai-je pas. Je sais que, dans nos régions terriennes, il serait plus facile de faire remonter un fleuve à sa source que de faire revenir un savant sur son opinion. Or, l’épisode de la séance vénusienne m’a prouvé que les savants sont les mêmes partout, et qu’il leur est généralement échu le magique pouvoir de rétablir une inscription avec une lettre, un palais avec une pierre, et le corps d’un animal avec l’empreinte indécise d’un fragment d’os.

Quoique savant, Mélino ne fut pas blessé de mes paroles. Il en sourit même, en songeant à ceux de ses confrères qu’il croyait atteints de ce ridicule, et sans se demander naturellement s’il ne l’avait pas lui-même, attendu que nous ne nous reconnaissons jamais que dans les portraits qui nous flattent.

— Vous avez donc aussi un Institut ? me demanda-t-il.

— Chaque ville a le sien, mais malheureusement la routine, l’esprit de système et les animosités personnelles y nuisent souvent au progrès de la science. Nous possédons aussi une académie purement littéraire, ou qui du moins devrait l’être, mais la politique, qui s’infiltre aujourd’hui partout, a pénétré dans son enceinte, et il est rare que ce corps se recrute par des choix faits dans la littérature. Il s’inquiète, au contraire, des titres nobiliaires des