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VOYAGE À VÉNUS

extérieur pour vivre en lui-même et se repaître de ses pensées qu’il en est venu à prendre ses hallucinations au sérieux, et à garder de tous ses songes creux l’impression vive et précise de la réalité. Ainsi, il y a deux jours à peine, notre dormeur éveillé ne m’a-t-il pas conté un de ses rêves comme un fait dont il avait été le témoin !

— Mais alors, mon cher Muller, tu dis vrai. C’est aux médecins qu’il faut recourir.

— On les a consultés.

— Et ils n’ont rien dit ?

— Pardon. Un médecin ne se tait jamais : il est loin de savoir tout guérir, mais il sait tout expliquer. Donc, nos docteurs ont — avec une assurance égale — donné sur la maladie de Volfrang les explications les plus diverses. Les uns ont prétendu que c’était du magnétisme, les autres de l’anesthésie, de la catalepsie, de l’hypnotisme, etc. Tous y ont perdu leur grec.

— Le cas est, en effet, si extraordinaire !

— On en voit pourtant quelques-uns de ce genre depuis un certain temps. Il semble que le mal traqué par la science, s’ingénie, comme Protée, à prendre toutes sortes de formes pour échapper à ses efforts. De là, ces affections étranges, qui déroutent l’expérience la plus consommée. Ainsi, j’ai lu dernièrement