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VOYAGE À VÉNUS

— Ah ça ! lui dis-je, c’est donc une ruche de travailleurs et de travailleuses ?

— Précisément.

— Nous avons aussi, dans notre nation, des manufactures où se rendent de nombreux ouvriers pour le compte d’un patron, mais les sexes y sont rarement confondus.

— Ici, ils ne le sont jamais dans un même atelier. Il n’y a pas non plus de patron : chacun travaille pour son compte, et travaille ainsi avec plus de plaisir, d’ardeur et de profit. L’association fournit les capitaux nécessaires, et la vie en commun économise bien des dépenses.

— Sur notre globe, si les ouvriers travaillent en commun, ils demeurent dans leurs familles.

— C’est-à-dire qu’ils y rentrent le soir, et qu’ils passent la journée entière à l’atelier. Or, avouez que là, ces agglomérations de jeunes gens ou de jeunes femmes, quelquefois des deux sexes ensemble, ont pour inévitable effet d’affaiblir en eux l’esprit de famille, et de les corrompre par la contagion du plaisir et du vice, qui se communique hélas ! beaucoup plus facilement que celle du travail et de la vertu. Ici, chaque famille a son logement dans l’établissement même, et, sauf pour quelques occupations exceptionnelles, chacun travaille dans sa famille.

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