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VOYAGE À VÉNUS

cher Volfrang, s’écria Léo, dont l’humeur s’assombrissait plus difficilement. À la bonne heure ! parlez-moi d’une excursion de dix millions de lieues ! Comme elle va humilier nos opulents bourgeois qui parlent sans cesse de leurs voyages en Suisse ou aux Pyrénées, et se croient bien aventureux et bien intrépides pour les avoir accomplis ! Conte-nous un peu le tien, mon bon Volfrang.

— Ce serait bien long ; et mes souvenirs sont si confus…

— Prends un verre de punch pour réchauffer ta mémoire. Maître Schaffner, servez-nous trois punchs.

— Non, dit Volfrang, je me souviendrais mieux en fumant ceci.

Et il bourra une longue pipe de tabac d’Orient.

— À ton aise, fit Léo ; mais cela n’empêche pas de boire. Tu veux fumer, eh bien ! la canette est amie de la pipe. D’ailleurs, mon ami, un narrateur a nécessairement besoin de se rafraîchir de temps à autre, et si Didon et Calypso paraissent avoir négligé cette marque d’attention à l’égard d’Enée et de Télémaque, ce n’est pas une raison pour nous d’y manquer. Donc, père Schaffner, une canette, ou mieux, trois canettes… pour commencer.

Et les trois pots couronnés d’une écume argentée furent aussitôt servis.