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VOYAGE À VÉNUS

nos préoccupations. Au lieu de leur parler un langage mystique qu’elles ne comprennent pas, et que les citations latines dont il est émaillé sont loin de rendre plus intelligible, leurs prédicateurs s’efforcent de leur enseigner l’amour de Dieu, l’immortalité de l’âme, leurs devoirs de famille et de citoyen. Ce sont plutôt les entretiens affectueux d’un père que les sermons d’un prêtre ; il s’attache notamment à retenir les cultivateurs dans la modeste et douce existence de la campagne, et à leur faire comprendre tout ce que le séjour des champs offre de poésie à l’imagination, de calme à l’âme, de sève et d’énergie au corps ; il leur montre encore combien les travaux agricoles sont considérés, et combien le mot de paysan — au lieu d’être presque une injure — est justement vénéré.

« Avec l’histoire impartialement racontée, les instituteurs leur enseignent surtout l’art agricole et les notions chimiques et physiques qui s’y rattachent. Ces connaissances, tout en étant éminemment utiles à nos paysans, achèvent de leur faire aimer leur état qu’ils n’exercent plus suivant une aveugle routine.

« Autrefois, le recrutement militaire et les entreprises de travaux gigantesques auxquels se livraient toutes les villes avec une ardeur maladive, enlevaient aux campagnes un grand nombre de jeunes gens, et