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VOYAGE À VÉNUS

haies et des fossés. Un certain nombre de chevaux appartenant à quelques membres de l’aristocratie, qui, — faute d’autre, — sont très-fiers de la gloire de leurs écuries, participent, huit ou dix fois par an, à ce jeu de casse-cou qu’anime l’appât d’une superbe prime, et qui ne manque jamais d’attirer un concours immense.

— On se passionne donc bien là-haut pour l’amélioration de la race chevaline ?

— Pas le moins du monde. Les neuf dixièmes des gens qui se rendent à ces fêtes n’y vont que pour contempler le défilé des équipages, pour engager des paris, ou pour être vus buvant du champagne avec ces filles de proie qu’on appelle des lorettes. Celles-ci également ne viennent pas plus par intérêt pour les courses qu’elles ne vont à l’Opéra pour écouter la musique. Là, comme partout, l’unique souci qui les domine, c’est d’exhiber leurs minois faits au pastel et l’éclatant papillotage de leurs toilettes chatoyantes et diversement nuancées comme leurs affections, car chacun de leurs atours est le prix d’une tendresse éternelle, jurée à un adorateur différent.

— Allons, dit en souriant mon compagnon, je vois que, sur votre globe, chaque époque a eu ses tournois et chaque tournoi ses prix spéciaux. Dans l’antiquité, une couronne de laurier était décernée au