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VOYAGE À VÉNUS

coulait près de la maison et s’égarait ensuite dans la campagne en mille sinuosités vagabondes.

Mais une promenade délicieuse entre toutes, et dont mon cœur gardera éternellement le souvenir, comme un parfum céleste, ce fut celle que nous fîmes, un soir, sur les eaux du lac.


Ô la belle et douce soirée ! Tout était joie, et fête, et splendeur autour de nous ! Tandis que notre barque glissait sur l’onde frémissante, un vaste rideau d’arbres et de plantes, aux formes colossales et bizarres, déployait autour de nous les magnificences de leur feuillage diapré des couleurs les plus diverses, et laissait voir, par intervalles, le disque pourpre du soleil, entouré d’un nimbe d’or, et descendant vers la ligne noire et onduleuse des montagnes lointaines. Çà et là, dans les sombres massifs, pénétraient de longues traînées de lumière, au sein desquelles flottait une poussière vermeille, subtile et légère comme une vapeur. Parfois, une folle brise courait, comme un frisson, dans le feuillage, et les arbres s’inclinant l’un vers l’autre et bruissant tour à tour, semblaient échanger quelque mystérieuse confidence. La nappe liquide se brisait alors en une myriade de petits flots qui clapotaient en se pailletant d’étincelles roses. Un oiseau nommé glosulis, au chant plus harmo-