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VOYAGE À VÉNUS

de quelques secondes, il se montra plus clair et plus brillant que lorsque nous le voyons au zénith par une sereine journée d’été. — Je sortais enfin du cône d’ombre de la Terre.

— Tu devais te trouver alors au milieu de ces torrents de lumière que verse le soleil sur tout le système planétaire.

— Pas du tout, mon cher Muller, j’étais entouré d’une obscurité intense, comme un instant auparavant.

— Cela m’étonne, fit Léo ; il n’y a de ténèbres dans l’espace que celles qu’y font les planètes perpétuellement coiffées de leurs cônes d’ombre. Hors de là, tout est lumière, et lumière vive, éclatante, puisque l’atmosphère ne la tamise plus comme un rideau de gaze bleue.

— Sans doute, l’agent lumineux traverse l’espace dans toute sa force et toute sa pureté, mais comme il ne se reflète que sur des corps extrêmement éloignés, l’aspect général de ces vastes régions était à peu près le même à mes yeux que lorsque je naviguais dans le cône d’ombre. Rien n’était changé au ciel : il n’y avait qu’une étoile de plus ; étoile beaucoup plus grosse que les autres, il est vrai, mais se détachant comme elles sur le fond absolument noir du ciel, sans répandre au loin cette lumière diffuse