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Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/43

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VOYAGE À VÉNUS

degré de clarté de leurs nuits. Tout un hémisphère ne voit jamais notre planète, tandis que l’autre jouit d’un clair de terre continu pendant ses longues nuits de quinze fois vingt-quatre heures. Ces clairs de terre, treize fois plus vifs que nos clairs de lune, ont, comme ceux-ci, leurs phases croissantes et décroissantes. Mais ce qu’il y a de singulier c’est qu’aux yeux des Sélénites, la Terre paraît occuper toujours le même point du ciel : ceux qui habitent les bords de l’hémisphère favorisé la voient toujours à l’horizon, et ceux qui occupent les régions centrales toujours au zénith.

Au moment de mon passage près de la Lune, le soleil éclairait presque en entier la face opposée à celle que nous montre notre satellite. Cette dernière n’était lumineuse que sur ses bords, et elle devait dessiner à l’horizon terrestre un de ces croissants déliés, virgules d’or sur l’azur du ciel, qui annoncent le commencement ou la fin d’une lunaison. Quant à la Terre, elle était éclairée dans les mêmes proportions que l’autre hémisphère de la Lune, c’est-à-dire à peu près totalement.

— Et qu’as-tu remarqué sur cet hémisphère que ne nous montre jamais la Lune ? demanda Léo. J’imagine qu’il est moins beau que l’autre puisqu’elle s’obstine éternellement à nous le cacher.