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VOYAGE À VÉNUS

Nous retournâmes ensuite dans son cabinet, il me fit asseoir, et prit dans sa bibliothèque un volumineux album d’anthropologie qu’il feuilleta curieusement, en me comparant aux images, sans pouvoir trouver, parmi tous ces échantillons des peuples de Vénus, aucun type qui fût le mien. Essayant alors d’un autre moyen, il me conduisit devant une mappemonde de sa planète, en m’interrogeant du regard. Ma réponse toujours négative redoubla ses perplexités.

À ce moment, le soleil venait de descendre derrière l’horizon, et une seule étoile, à l’éclat très-vif, brillait au ciel. C’était notre planète. Je conduisis mon hôte vers la fenêtre, et lui montrai l’étoile en indiquant que c’était de là que je venais.

Je vous laisse à penser, mes amis, la stupéfaction et la joie du savant à cette révélation. Pour satisfaire sa curiosité qu’elle surexcitait et que mon mutisme désespérait, et aussi un peu, j’aime à le croire, dans l’intérêt de ma nouvelle situation d’habitant de Vénus, il s’empressa de m’enseigner la langue des Vénusiens.

À part les difficultés du commencement, sa tâche fut assez aisée. Cette langue est en effet extrêmement simple, et la grammaire qui la régit n’est pas comme la nôtre un chaos de règles arbitraires,