Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
VOYAGE À VÉNUS

Nous entrâmes. L’amphithéâtre était rempli de personnes de tout âge, et surtout de jeunes gens qui me parurent avoir l’esprit moins tapageur que ceux de notre ville, attendu qu’ils ne croyaient pas devoir charmer l’ennui de l’attente par des interpellations saugrenues, des applaudissements, des sifflets, des cris d’animaux, et autres plaisanteries plus ou moins spirituelles, et probablement fort amusantes — pour ceux qui les font.

Le professeur parut, et soudain le calme se fit. Il sut captiver pendant plus de deux heures cet auditoire étourdi, vif et bruyant comme un essaim d’oiseaux. C’est qu’en effet, au lieu de présenter un aride commentaire des vieux auteurs et de faire étalage d’érudition, il tenait en éveil l’attention des assistants par d’intéressantes digressions philosophiques et morales, par les traits d’esprit qui s’échappaient à chaque instant de ses lèvres, et les flots d’éloquence vraie qui jaillissaient de son cœur.

Cette parole puissante avait établi dans cet auditoire nombreux, et naguère si turbulent, je ne sais quel courant magnétique qui faisait battre les cœurs à l’unisson, et leur communiquait soudainement les mêmes émotions en les rendant plus profondes. L’orateur en ressentait aussi le prestige, et, de même que, dans chaque paroi de la salle, sa voix