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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

thique. Le lieu de l’abbaye s’appelle en latin Alta Silva ; c’est une abbaye cistercienne. Un certain moine Jean, vers la fin du douzième siècle ou le début du treizième, composa dans cette abbaye de Haute-Selve un très fantaisiste roman des Sept Sages. Ce roman des Sept Sages vient du roman de Sendabad, qui avait lui-même passé de l’Inde dans les paraboles hébraïques. Notre moine Jean, ami des longues histoires, portait la robe blanche, ce qui lui valut la qualification de moine blanc, et, comme il était lettré, il écrivit une grave préface pour dédier son ouvrage à Bertrand, évêque de Metz, en y citant avec amour le beau vers de Juvénal :

Rara avis in lerris alboque simillima cycno…

Le trouvère Herbers puisa bientôt dans cette histoire latine pour élaborer un poème en langue vulgaire. Cet Herbers vécut et chanta, en Île-de-France, sans doute, dans la première moitié du treizième siècle ; il offrit l’hommage de son œuvre à Louis VIII, fils de Philippe-Auguste et père de saint Louis, et, très honnêtement, rendit hommage à ce moine Jean qui vêtu de sa robe blanche, fut le premier inspirateur de son œuvre.

… blans moines de bonne vie
De Haute-Selve l’abaïe
A ceste estoire novellée,
Par biau latin l’a ordenée…