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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

sont descendantes des Hâthors d’Égypte et cousinent avec les trois fées d’Adam de la Halle ; et les doléances de Sarra pour le couteau qui manquait à son couvert (ce couteau étant malheureusement tombé sous la table) ressemblent à celles de Maglore au sujet du tapis qu’on a négligé de préparer pour elle. Je croirais volontiers qu’il s’agissait de fées authentiques dans la légende primitive, mais que l’auteur de Perceforest, qui avait des lettres, et même des prétentions philosophiques, ayant trouvé ces fées trop populaires, a pensé Les ennoblir en se servant, pour les travestir, de ses souvenirs mythologiques.

Sarra mécontente avait déclaré que la destinée de l’enfant se ressentirait de sa mauvaise humeur, mais Vénus souriante avait affirmé qu’elle arrangeait la chose. Et plus tard en effet Vénus eut raison ; l’amour et la maternité doivent seuls réveiller et faire revivre Zélandine. C’est le beau chevalier, porté par le Zéphyr, qui franchira la fenêtre ouverte et pénétrera dans la chambre où Zélandine dort son mystérieux sommeil. L’enfant nouveau-né de Zélandine sucera le doigt de l’endormie, et celle-ci rouvrira les yeux. Une créature étrange, sorte de fée, à demi-femme, à demi-oiseau, emportera le petit être, et la tante de Zélandine racontera à la jeune princesse le secret du destin. Alors celle-ci suivra son ami et l’épousera légitimement. C’est toujours le réveil de la nature au printemps, le renouveau de la végétation, que traduisent ces histoires de belles endormies, histoires plus préoccupées du symbolisme des saisons que de la morale. Après son réveil et sa délivrance, Zélandine, en pleine jeunesse, en pleine beauté, se met à la fenêtre et contemple l’éblouissante « verdeur »