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CHAPITRE VII

MÉLUSINE : UNE FÉE DE FRANCE


La vieille Gaule a ses fées mystérieuses, et le Poitou n’a pas oublié Mélusine. Il paraît que son nom signifie brouillard de la mer. Elle figure un des personnages les plus intéressants et les plus dramatiques de la féerie médiévale. C’est une fée française. Elle diffère entièrement des dangereuses fées bretonnes, des Viviane, des Morgane, belles et perfides amies de Merlin, de ces créatures d’égoïsme exalté, de passions mobiles et d’ambitions démesurées, qui voulurent être des « surfemmes », et nous représentent assez bien les héroïnes d’Ibsen. Mélusine, aussi belle, aussi tragique, leur est supérieure, non seulement par ses vertus morales, mais aussi par la puissance de ses dons intellectuels. C’est une fée fondatrice, une fée qui veille sur la naissance et la croissance d’une noble race ; par là même, elle peut nous apparaître comme le symbole des ingénieuses et vaillantes châtelaines dont le courage industrieux préludait à la grandeur de leur maison. Tiphaine Raguenel,