Page:Félix-Faure-Goyau - La vie et la mort des fées, 1910.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
157
LES JARDINS FÉERIQUES DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

Médicis, le fameux escadron des filles d’honneur, qui étaient bien des fées radieuses et perfides, des Armides et des Alcines, habiles à se jouer du cœur des hommes et à leur arracher, en riant, les secrets de vie ou de mort.


III

« ROLAND AMOUREUX » DANS LES JARDINS FÉERIQUES


Plus encore peut-être que ne le sera le Roland furieux, le Roland amoureux de Bojardo est une perpétuelle féerie. Dès le début du poème, Angélique, prodigieusement belle, apparaît à la Cour de Charlemagne, avec deux compagnons qui veulent se mêler à la joute des preux. Merveilleux est son anneau : lorsqu’on le possède, on a le double pouvoir de rompre les enchantements et de se rendre soi-même invisible à volonté. Roland oublie pour cette étrangère toutes les beautés de la cour carolingienne ; c’est d’elle seule qu’il s’éprend. Charlemagne lui-même est troublé ; quant à Renaud, séduit aussi par Angélique, il boira, par inadvertance, l’eau qui efface l’amour et fait haïr l’objet aimé. Au milieu d’un pré en fleurs, une fontaine sourit encadrée d’albâtre et d’or : l’enchanteur Merlin en fut l’ouvrier pour guérir Tristan de sa périlleuse folie. Mais Tristan n’atteignit jamais cette fontaine, et il mourut sans cesser d’aimer Iseut, tandis que Renaud, involontairement, offre ses lèvres à la puissance des eaux enchantées. Il ne songera plus qu’à fuir Angélique, alors que celle-ci, puisant à une autre fon-