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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

chevalier dont elle est éperdument éprise. Celui-ci se désole à la pensée de demeurer auprès de la blonde, belle et perfide fée.

Encore une imprudence de Roland ! Il devra revenir un jour pour délivrer ce blond Ziliante que lui réclame un père éploré. Le roi Manodante avait deux fils, Brandimarte et Ziliante. Tous les deux lui furent enlevés et tous les deux lui seront conservés. Ziliante est toujours captif de l’amoureuse Morgane, qui peigne tendrement les cheveux du bien-aimé. Roland, à la recherche de Morgane et de Ziliante, aperçoit un dragon mort auprès d’un de ces ponts qui abondent dans les sites féeriques. À côté du dragon mort, une belle damoiselle pleure et se lamente, puis elle emporte entre ses bras le fantastique animal et se précipite au fond du lac. Cette belle éplorée n’est autre que Morgane. Ziliante, métamorphosé par elle en dragon pour mieux défendre le pont féerique, a été mortellement blessé, mais, après avoir plongé sous le lac, elle lui rendra la vie et sa forme première. C’est alors que Roland, par l’autorité de Démogorgone, maître et seigneur des fées, exigera la délivrance de Ziliante. Morgane, désolée, cédera ; et Ziliante sera accueilli dans la ville natale et la demeure paternelle avec des sons de harpe, de luth, et des pluies de lis et de roses. Il y eut sans doute de telles fêtes par des jours d’allégresse, à Florence et à Ferrare. Ainsi, selon l’imagination de Bojardo, les fées seraient soumises à ce Démogorgone, de même qu’au moyen âge elles nous furent montrées obéissant à des enchanteurs puissants. Il aurait le pouvoir, afin de les châtier, de les enchaîner dans les profondeurs de la mer. Quant au lac où Morgane cherche un refuge, il nous rappelle les vieilles épopées bretonnes.