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LES JARDINS FÉERIQUES DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

chains que celle de Dalinda, revêtue des parures de la princesse qu’elle trahit, descendant de la galerie par l’escalier extérieur du palais, en robe blanche, fleurie d’or, amoureuse et dupe, inconsciemment perfide… C’est un charmant tableau et c’est un joli conte, digne d’amuser les beaux seigneurs entre deux joutes, les belles dames entourées de leurs nains, de leurs oiseaux, de leurs chiens… Car il ne s’agit que de passer le temps.

Le fil des aventures attribuées par le poète à Roger dessine les plus fantasques arabesques et brode des méandres les plus capricieux l’étincelant tissu du poème.

Deux combats se livrent autour de ce héros : ils intéressent tous deux sa destinée et sa conscience : Melissa lutte contre Atlante, Atlante le magicien, qui, croyant avoir lu dans l’avenir que son élève Roger mourra chrétien et trahi, s’évertue à entraver son mariage et sa conversion ; et puis, à côté de cette lutte, un autre duel s’engage entre Alcine et Logistilla, les deux sœurs fées, qui représentent la sagesse et la volupté.

Bradamante, la belle et chaste fiancée guerrière, est, en ce qui concerne Roger, l’instrument du destin. Melissa travaille donc à réunir les fiancés, Atlante à les séparer.

Quand la belle guerrière Bradamante, victime d’une trahison, roule au fond de l’abîme avec le cheval qu’elle monte, elle se trouve dans une sorte de crypte où elle aperçoit un tombeau. Ce lieu paraît être l’objet d’une vénération particulière. Des colonnes d’albâtre l’enrichissent, et une lampe l’illumine. L’architecture en est belle. Une femme aux cheveux dénoués se montre, qui salue la jeune fille par son nom. C’est Melissa qui, même alors que