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LA FÉERIE NAPOLITAINE : BASILE

fants qui s’appelleront le Soleil et la Lune, et, comme ils sont privés du lait maternel, l’un d’eux se met à sucer le doigt de sa mère ; il extrait de l’ongle la malencontreuse arête de lin. Talia, délivrée, s’éveille alors. Le roi qui revient la visiter lui raconte la scabreuse aventure ; ils font alliance et amitié. Mais ce roi nous a déjà révélé qu’il n’est pas le jeune prince respectueux et attendri de notre Belle au Bois dormant ; il est marié à une femme cruelle et jalouse. Celle-ci apprend la naissance des jumeaux, ordonne qu’on les tue, et veut que leur mère soit brûlée vive. Les pauvres petits ont disparu. Le roi les croit morts et, dans son désespoir, c’est lui qui fait jeter au feu la méchante reine. Mais les enfants avaient été épargnés ; leur père les retrouve, et il épouse leur mère.

Ainsi Basile écrit l’histoire de ; Talia ; ainsi doit-il l’avoir recueillie des pêcheurs et des artisans de Naples, qui ne songent nullement à polir la sauvagerie des vieilles légendes. Mais le nom des deux enfants : le Soleil et la Lune, nous rappelle la signification mythique de semblables récits. En somme, il ne s’agit point, là, d’histoires humaines. Talia, comme l’antique Perséphone, symbolise le mythe du printemps. C’est le soleil qui fait revivre la terre endormie. Il est aussi le roi qui la visite pendant le sommeil de l’hiver. La version de Basile nous paraît gauche et fruste, assez proche des racines primitives ; celle de Perrault est ciselée, délicate, élégante comme une fleur. Ah ! nous ne pouvons nous empêcher de la regretter ici, de regretter son jeune prince aussi parfait que charmant, et la chapelle illuminée, et encore la bénédiction de M. l’aumônier.

Lisa est une fillette ; sa mère, en peignant ses beaux cheveux, enfonce dans sa tête une dent de