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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

en rêve de poète. Ronsard, initié par sa culture grecque aux usages des nymphes et des déesses mythologiques, confond volontiers ce merveilleux de la Grèce avec celui de la vieille Gaule dont il est l’enfant, et, si des fées hantèrent les contes ou les chansons de sa nourrice, il leur permit plus tard de se mêler au ballet des classiques Dryades.

Il faut dire que la littérature de la Renaissance faisait la part belle aux fées, et que Ronsard ne fut point sans connaître les Alcine et les Armide. Lorsque Marguerite de France fut fiancée au duc de Savoie, il la célébra par un chant pastoral. Elle était elle-même une de ces princesses érudites qui fleurirent au quinzième et au seizième siècle. Dans le poème de Ronsard, cette élégante princesse nous est dépeinte sous les traits d’une fée :

Elle marchant à tresses descoiffées
Apparaissoit la Princesse des fées.
Un beau surcot de lin bien replié,
Frangé, houpé, long, pendait jusqu’au pié ;
Et ses talons qui frôloient la verdure,
Deux beaux patins avoient pour couverture.
Un carquois d’or son col environnoit.

Cette princesse des fées ressemble décidément à Diane avant la rencontre d’Endymion,

                  car la flèche poussée
De l’arc d’Amour ne l’avoit point blessée.
Et sienne et franche avoit tousiours été,
Parmy les fleurs, en toute liberté.

C’est une Diane Renaissance. Les fleurs au milieu desquelles apparaît la princesse des fées sont les fleurs de nos vieux parterres de France, de ceux qui