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Page:Félix-Faure-Goyau - La vie et la mort des fées, 1910.djvu/263

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LES FÉES DE LA FRANCE CLASSIQUE

vieux troncs, comme le juvénile enthousiasme des étudiants sur les solides maximes de l’antique sagesse. Mais le futur poète de la Belle au Bois dormant, avec mine d’effronterie, m’a tout l’air d’avoir interprété à sa guise le principe de Platon : « Ne juge vrai ce que l’on te dit vrai que lorsque tu l’auras éprouvé en toi-même comme tel. » Aussi, plus tard, eut-on beau lui dire qu’Homère, Virgile, Phidias et le Parthénon ne seraient jamais dépassés, qu’ils laisseraient au contraire loin derrière eux toutes les œuvres humaines des temps futurs, Perrault s’avisa de reconnaître son idéal de beauté dans Versailles, et de n’en vouloir démordre, malgré les soubresauts d’indignation qu’il fît subir à la perruque de Boileau.

Il paraît, d’ailleurs, qu’il commit des maladresses en défendant sa thèse. Charles Perrault travailla, sous les ordres de Colbert, à la surintendance des bâtiments, et encourut la disgrâce de Louvois quand celui-ci reçut cette charge, après la mort de son rival. Louvois s’arrangea même pour l’évincer de la petite académie des inscriptions et médailles dont Perrault était un des fondateurs. À l’Académie française, il froissa plusieurs de ses collègues par son opinion sur les modernes, jugée par trop paradoxale. Il s’était retiré dans sa belle maison du faubourg Saint-Jacques, « qui, explique-t-il, étant proche du collège, me donnait une grande facilité d’y envoyer mes enfants, ayant toujours estimé qu’il valait mieux que des enfants vinssent coucher à la maison de leur père, quand cela peut se faire commodément, que de les mettre pensionnaires dans un collège où les mœurs ne sont pas en si grande sûreté. Je leur donnai un précepteur, et, moi-même, j’avais soin de veiller sur leurs études ». Ainsi Perrault vieillit doucement, oubliant