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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

Ce Merlin serait-il donc, comme le voulut son auteur, la légende de l’âme humaine ? On pourrait se demander, en fermant le double volume, quelle lumière nouvelle il nous apporte pour nous aider à déchiffrer notre âme.

Si ledit Merlin est un essai d’histoire idéale, c’est parce qu’il prétend nous montrer en les personnifiant, les idées qui furent à l’œuvre dans l’histoire de l’humanité. Suffit-il, pour constituer une histoire idéale, de regarder la marche du monde sous le rayonnement d’une grande idée : quel ouvrage, en ce cas, peut nous présenter un spectacle plus grandiose et plus majestueux que celui de l’Histoire Universelle, selon Bossuet ? S’agit-il de discerner à travers le monde tumultueux la note profonde de l’âme ; alors, n’avons-nous pas une sublime révélation, une étonnante apocalypse de l’âme humaine, dans la Divine Comédie ? Que pèserait le pauvre Merlin de Quinet, entre l’Histoire Universelle et la Divine Comédie ? Soit, dira-t-on, tous les auteurs ne peuvent pas être Dante ou Bossuet. Sans doute, et, cependant, si certains sujets ne font pas de celui qui les touche un Dante ou un Bossuet, ils nous le laisseront apparaître cruellement au-dessous de sa tâche, et comme artiste et comme penseur.

D’ailleurs, toute autobiographie sincère et profonde, nous vînt-elle d’un personnage obscur, nous donnerait une plus belle histoire idéale, une plus magnifique légende de l’âme humaine, que les mille pages en deux volumes, fournies par Edgar Quinet. Cette lutte du bien et du mal, dont l’âme humaine est le théâtre, se trouve intensément caractérisée par telle page de saint Augustin, par telle pensée de Pascal, mais j’imagine que tout pécheur agenouillé