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LA FÉERIE ROMANTIQUE EN FRANCE

son luxe, ses musiques, sa splendeur. Elle appelle cette nymphe sa fée. C’est à se demander si cette fée ne personnifie point l’imagination elle-même qui est une grande et puissante fée, et qui n’a qu’à toucher des ruines de sa baguette pour y ramener la vie.

Tout cela est un peu vague, un peu mystérieux. Diane Flochardet a perdu sa mère, et celle-ci se confond avec la fée bienfaisante. Il y a, autour de nous, des influences invisibles : George Sand aime à leur donner le nom de fées, qui ne correspond à rien de réel, et qui amuse toujours un peu les esprits enfantins.

Mais où la grand’mère permet à son expérience de dégager le meilleur de sa philosophie, c’est dans le Nuage rose. La petite Catherine est une enfant rêveuse ; elle aime son agnelle Bichette, et elle regarde planer les nuages. Les nuages sont une perpétuelle féerie qui plane sur le monde, Ils ont des robes vertes et roses, des traînes, des manteaux à franges d’or où d’argent ; ils construisent des palais de pourpre, devant lesquels des brasiers de rubis se consument dans des jardins de lilas. Et Catherine s’éprend d’un nuage rose qui chante divinement. Il se trouve, cependant, qu’il portait dans son sein la foudre et l’ondée : un pommier en fut brisé.

Mais la vraie fée du Nuage rose, c’est la tante Colette. Et rien ne m’ôtera de l’idée que George Sand se soit peinte elle-même sous les traits de cette tante Colette. La tante Colette est très vieille, très douce et très laborieuse. Elle habite, l’été, une belle et rustique maison haut située dans la montagne, près des nuages. Avec elle vivent une servante et un