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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

La mort de Kundry dans Parsifal nous apparaît, au contraire, ainsi que le prélude d’une éternelle aurore.

Toute la vague féerie du poème médiéval se concentre chez Wagner dans cette Kundry, la magicienne et la séductrice, esclave de l’enchanteur Klingsor, entourée des Filles-Fleurs.

Ne correspond-elle pas un peu (si peu soit-il !) au personnage de la fée, si nous reprenons la vieille définition du roman de Lancelot : « En ce temps-là, on donnait le nom de fées à toutes les femmes qui se mêlaient de sorts et d’enchantements. »

Kundry, plus que personne, ne se mêle-t-elle pas d’enchantements, elle qui est l’enchanteresse, même si elle est une enchanteresse asservie ?

Quand Parsifal, le Pur-Simple, arrive au temple du Graal, il ignore l’amour et la souffrance, et il lui reste à subir les tentations du jardin féerique où se jouent les Filles-Fleurs, où paraîtra Kundry. Fées ou Péris, les Filles-Fleurs sont plutôt des fleurs que des femmes : elles ont la rieuse inconscience des Dryades païennes, et, le premier moment de surprise et de terreur passé, jasent comme les sources au murmure argentin. Elles habitent le château enchanté du magicien Klingsor.

Il semble, à les écouter, qu’elles soient les esprits légers de la féerie orientale, et leurs joies et leurs chagrins n’ont pas le poids de la brise qui les emporte.

« Ornements du jardin et esprits odoriférants, au printemps le maître nous cueille… Ne ménage pas aux fleurs la récompense… Si tu ne peux nous aimer et nous caresser, nous nous fanons, et nous mourons… »