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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

Déjà, vers la fin du douzième ou le commencement du treizième siècle, Giraud de Barry, évêque et littérateur gallois, croyait discerner deux personnages également appelés Merlin : celui dont le père était consul romain et que la vieille chronique du dixième siècle attribuée à Nennius appelle Ambroise ; puis le Merlin dont la naissance était considérée comme fabuleuse, Merlin le sauvage ou le Calédonien. M. Paulin Paris, M. Ferdinand Lot jugent évidente l’identité de ce double Merlin. Mais la tradition merlinique a subi bien des péripéties, et la nouvelle phase de la légende fera de la vie de l’enchanteur un roman dont une fée, Viviane, est l’héroïne. Leurs folles aventures n’effaceront pas des mémoires la physionomie souffrante, hagarde et inspirée du vieux Merlin. Le cadre de Brocéliande est moins austère et moins pur que celui de Calidon ; des saints auréolés de douceur comme les rayons des mers septentrionales n’y viennent pas converser tendrement avec le barde désolé.


II

L’ENCHANTEUR MERLIN PRÉCEPTEUR DES FÉES


Le roman de Lancelot, au début du treizième siècle, mentionne qu’au temps de Merlin et d’Arthur on voyait des fées dans les deux Bretagnes, mais la petite, surtout, était le royaume privilégié de la féerie.

La forêt de Brocéliande joue un tel rôle dans la féerie romanesque, que nous avons la tentation de la situer, non sur la terre solide où nous marchons,