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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

l’ancienne forêt de Brocéliande se confondrait en partie avec celle que l’on nomme aujourd’hui la forêt de Paimpont, et qui est située dans le département d’Ille-et-Vilaine.

Brocéliande portait également les noms de Bréchéliant, Bersillant, Brécilien, Brésilien. L’étymologie du mot est discutée, et mieux vaut, pour notre plaisir, qu’elle ne nous offre rien de trop précis. On a songé que les deux premières syllabes brocé, proviennent du mot grec βροχή, humidité. Or, la forêt de Paimpont possédait et possède encore lacs et marécages. Il suffit d’un peu de brume et de soleil pour composer mille fantasmagories. L’atmosphère spéciale de Paimpont devait, avant certains dessèchements, — et des témoignages prêtent à le croire, — être propice à des halos, à des mirages. De plus, cette forêt humide abondait sans doute en feux follets. Cela suffit-il à créer la féerie de Brocéliande ?

J’ai visité la forêt merveilleuse et n’y ai trouvé d’enchanté que les souvenirs. Son charme n’est point celui des lieux consacrés par l’histoire ; elle n’eut, pour l’illustrer, que le rêve, mais la raison de son élection poétique demeure mystérieuse, et ce mystère même lui donne un attrait.

Comment les poètes furent-ils assez frappés de quelques-uns de ses sites pour y adapter et modeler sur eux la féerie de leur imagination ? Malgré les coupes impitoyables, elle a toujours de beaux ombrages ; ses étangs paisibles l’ornent parfois d’une lumineuse douceur ; ils offrent de purs miroirs au visage touchant des églises et des abbayes qui s’éparpillent à travers la forêt, tandis que des croix austères dominent le paysage irrégulier et farouche.