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LES FÉES DU CYCLE BRETON

conjugaux pour aimer Lancelot. Il est vrai que l’influence de Genièvre sur Lancelot se répercutera de Lancelot sur Galehaut, et que Galehaut, persuadé par Lancelot, deviendra vassal d’Arthur. Merlin ne songeait-il donc qu’au résultat politique ?

Son attrait, cependant, le ramène à Brocéliande, où l’attend Viviane…

Sur les bords fleuris de la fontaine de Bérenton, par un jour de printemps, Merlin voit la prestigieuse Viviane.

Ébloui par la beauté de l’inconnue, il lui parle : elle lui répond avec grâce, en « damoiselle adonnée aux lettres ». Dans le cadre printanier des aubépines en fleur, Merlin et Viviane dissertent de la science fatidique. Merlin, de plus en plus épris de son élève, ne réserve aucun de ses secrets ; Viviane l’écoute, ambitieuse, avide de savoir et de pouvoir ; afin de les mieux retenir, elle écrit toutes les leçons de Merlin. Les amours de Merlin et de Viviane ont été poétisées bien des fois, mais, seul, Merlin aime sincèrement, et Viviane se partage entre l’amour, la défiance, l’ambition ; chez elle l’ambition domine. Cependant, Merlin, qui a le don des métamorphoses, lui apparaît sous les traits d’un beau jeune homme aux cheveux blonds. Il ne perd aucune occasion d’amuser ou de charmer Viviane ; il fait surgir, en pleine Brocéliande, auprès de la fontaine, à quelques pas du manoir paternel de son amie, un château et un jardin. Des dames et des seigneurs y viennent danser et chanter.

Ni Viviane, ni Merlin peut-être, ne prennent garde à leur refrain, qui est :

Bien vrai que se commencent amours en joies, et se finissent en douleurs.