Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/153

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autres ont possédé ton cœur, et ne l’ont pas possédé longtemps.

Thésée. — Mais enfin je ne filais pas comme celui qui a porté le monde.

Hercule. — Je t’abandonne ma vie lâche et efféminée en Lydie ; mais tout le reste est au-dessus de l’homme.

Thésée. — Tant pis pour toi, que, tout le reste étant au-dessus de l’homme, cet endroit soit si fort au-dessous. D’ailleurs, tes travaux, que tu vantes tant, tu ne les as accomplis que pour obéir à Eurysthée.

Hercule. — Il est vrai que Junon m’avait assujetti à toutes ses volontés. Mais c’est la destinée de la vertu d’être livrée à la persécution des lâches et des méchants : mais sa persécution n’a servi qu’à exercer ma patience et mon courage. Au contraire, tu as souvent fait des choses injustes. Heureux le monde, si tu ne fusses point sorti du Labyrinthe !

Thésée. — Alors je délivrai Athènes du tribut de sept jeunes hommes et d’autant de filles, que Minos lui avait imposé à cause de la mort de son fils Androgée. Hélas ! mon père Égée, qui m’attendait, ayant cru voir la voile noire au lieu de la blanche, se jeta dans la mer, et je le trouvai mort en arrivant. Dès lors, je gouvernai sagement Athènes.

Hercule. — Comment l’aurais-tu gouvernée, puisque tu étais tous les jours dans de nouvelles expéditions de guerre, et que tu mis, par tes amours, le feu dans toute la Grèce ?

Thésée. — Ne parlons plus d’amour : sur ce chapitre honteux nous ne nous en devons rien l’un à l’autre.

Hercule. — Je l’avoue de bonne foi, je te cède