nous. Les trois juges décideront de ton sort ; mais il ne peut plus y avoir ici-bas d’union entre nous deux.
XVII
SOCRATE ET ALCIBIADE
Socrate. — Vous voilà devenu bien sage à vos dépens et aux dépens de tous ceux que vous avez trompés. Vous pourriez être le digne héros d’une seconde Odyssée, car vous avez vu les mœurs d’un plus grand nombre de peuples dans vos voyages qu’Ulysse n’en vit point dans les siens.
Alcibiade. — Ce n’est pas l’expérience qui me manque, mais la sagesse ; mais, quoique vous vous moquiez de moi, vous ne sauriez nier qu’un homme n’apprenne bien des choses quand il voyage et qu’il étudie sérieusement les mœurs de tant de peuples.
Socrate. — Il est vrai que cette étude, si elle était bien faite, pourrait beaucoup agrandir l’esprit ; mais il faudrait un vrai philosophe, un homme tranquille et appliqué, qui ne fût point dominé comme vous par l’ambition et par le plaisir ; un homme sans passion et sans préjugé, qui chercherait tout