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Périclès. — Oh ! tu n’es plus au temps de cette belle robe traînante de pourpre avec laquelle tu charmais toutes les femmes d’Athènes et de Sparte. Tu seras puni, non seulement de ce que tu as fait, mais encore de ce que tu m’as conseillé de faire.




XX

MERCURE, CHARON ET ALCIBIADE


Caractère d’un jeune prince corrompu par l’ambition et l’amour du plaisir


Charon. — Quel homme mènes-tu là ? il fait bien l’important. Qu’a-t-il plus qu’un autre pour s’en faire accroire ?

Mercure. — Il était beau, bien fait, habile, vaillant, éloquent, propre à charmer tout le monde. Jamais homme n’a été si souple ; il prenait toutes sortes de formes, comme Protée. À Athènes, il était délicat, savant et poli ; à Sparte, dur, austère et laborieux ; en Asie, efféminé, mou et magnifique comme les Perses ; en Thrace, il était toujours à cheval et buvait comme Silène. Aussi a-t-il tout brouillé et tout renversé dans tous les pays où il a passé.

Charon. — Mais ne renversera-t-il point aussi ma barque, qui est vieille et qui fait eau partout ? Pourquoi vas-tu te charger de telle marchandise ? Il valait mieux le laisser parmi les vivants : il