XXVIII
DENYS L’ANCIEN ET DIOGÈNE
Denys. — Je suis ravi de voir un homme de ta réputation. Alexandre m’a parlé de toi depuis qu’il est descendu dans ces lieux.
Diogène. — Pour moi, je n’avais que trop entendu parler de toi sur la terre. Tu y faisais du bruit, comme les torrents qui ravagent tout.
Denys. — Est-il vrai que tu étais heureux dans ton tonneau ?…
Diogène. — Une marque certaine que j’y étais heureux, c’est que je ne cherchai jamais rien, et que je méprisai même les offres de ce jeune Macédonien dont tu parles. Mais n’est-il pas vrai que tu n’étais point heureux en possédant Syracuse et la Sicile, puisque tu voulais encore entrer par Rhége dans toute l’Italie ?
Denys. — Ta modération n’était que vanité et affectation de vertu.
Diogène. — Ton ambition n’était que folie, qu’un orgueil forcené qui ne peut faire justice ni à soi ni aux autres.
Denys. — Tu parles bien hardiment.
Diogène. — Et toi, t’imagines-tu être encore tyran ici ?
Denys. — Hélas ! je ne sens que trop que je ne le suis plus ; Je tenais les Syracusains, comme je