Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/357

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vers les grâces naïves de la nature simple et sans art ; nous les avons suivis. Les ornements d’une campagne où la nature est belle font une image plus riante que toutes les magnificences que l’art a pu inventer.

Poussin. — On voit au côté droit, dans ce chemin, sur un cheval alezan, un cavalier enveloppé dans un manteau rouge. Le cavalier et le cheval sont penchés en avant ; ils semblent s’élancer pour courir avec plus de vitesse. Les crins du cheval, les cheveux de l’homme, son manteau, tout est flottant, et repoussé par le vent en arrière.

Parrhasius. — Ceux qui ne savent que représenter des figures gracieuses n’ont atteint que le genre médiocre. Il faut peindre l’action et le mouvement, animer les figures, et exprimer les passions de l’âme. Je vois que vous êtes bien entré dans le goût de l’antique.

Poussin. — Plus avant, on trouve un gazon sous lequel paraît un terrain de sable. Trois figures humaines sont sur cette herbe : il y en a une debout, couverte d’une robe blanche à grands plis flottants ; les deux autres sont assises auprès d’elle sur le bord de l’eau, et il y en a une qui joue de la lyre. Au bout de ce terrain, couvert de gazon, on voit un bâtiment carré, orné de bas-reliefs et de festons, d’un bon goût d’architecture simple et noble. C’est sans doute un tombeau de quelque citoyen qui était mort peut-être avec moins de vertu, mais plus de fortune que Phocion.

Parrhasius. — Je n’oublie pas que vous m’avez parlé du bord de l’eau. Est-ce la rivière d’Athènes nommée Ilissus ?

Poussin. — Oui ; elle paraît en deux endroits