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Allez, retournez à la cour : gouvernez ; faites le malheur du monde, et trouvez-y le vôtre.




LV

LE PRINCE DE GALLES ET RICHARD SON FILS


Caractère d’un prince faible


Le prince. — Hélas ! mon cher fils, je te revois avec douleur : j’espérais pour toi une vie plus longue et un règne plus heureux. Qui est-ce qui a rendu ta mort si prompte ? N’as-tu point fait la même faute que moi, en ruinant ta santé par un excès de travail dans la guerre contre les Français ?

Richard. — Non, mon père, ma santé n’a point manqué : d’autres malheurs ont fini ma vie.

Le prince. — Quoi donc ? quelque traître a-t-il trempé ses mains dans ton sang ? Si cela est, l’Angleterre, qui ne m’a pas oublié, vengera ta mort.

Richard. — Hélas ! mon père, toute l’Angleterre a été de concert pour me déshonorer, pour me dégrader, pour me faire périr.

Le prince. — Ô ciel ! qui l’aurait pu croire ? à qui se fier désormais ? Mais qu’as-tu donc fait, mon fils ? N’as-tu point de tort ? Dis la vérité à ton père.

Richard. — À mon père ? ils disent que vous