Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/403

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reux et digne de l’être ; il a tout à craindre ; il n’a pas un moment de libre ni d’assuré ; il faut qu’il répande du sang : plus il en répand, plus il est odieux et exposé aux conjurations. Mais enfin, voyons ce que vous avez fait de louable.

Henri VIII. — J’ai tenu la balance égale entre François Ier et Charles-Quint.

Henri VII. — Chose bien difficile ! Encore n’avez-vous pas su faire ce personnage. Wolsey vous jouait pour plaire à Charles-Quint, dont il était la dupe, et qui lui promettait de le faire pape. Vous avez entrepris de faire des descentes en France, et n’avez eu aucune application pour y réussir. Vous n’avez suivi aucune négociation ; vous n’avez su faire ni la paix ni la guerre. Il ne tenait qu’à vous d’être l’arbitre de l’Europe, et de vous faire donner des places des deux côtés ; mais vous n’étiez capable ni de fatigue, ni de patience, ni de modération, ni de fermeté. Il ne vous fallait que vos maîtresses, des favoris, des divertissements ; vous n’avez montré de vigueur que contre la religion, et en exerçant votre cruauté pour contenter vos passions honteuses. Hélas ! mon fils, vous êtes une étrange leçon pour tous les rois qui viendront après vous.