Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/425

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actions d’une vigueur et d’une diligence incroyables, à Cahors, à Eause en Gascogne, à Arques en Normandie, à Ivry, devant Paris, à Arnay-le-Duc, et à Fontaine-Française. Vous avez su gagner la confiance des catholiques sans perdre les huguenots ; vous avez choisi des gens capables et dignes de votre confiance pour les affaires ; vous les avez consultés sans jalousie, et vous avez su profiter de leurs bons avis sans vous laisser gouverner ; vous nous avez prévenus partout ; vous êtes devenu un autre homme, ferme, vigilant, laborieux, tout à vos devoirs.

Henri. — Je vois bien que ces vérités si hardies que vous me deviez dire se tournent en louanges ; mais il faut revenir à ce que je vous ai dit d’abord, qui est que je dois tout ce que je suis à ma mauvaise fortune. Si je me fusse trouvé d’abord sur le trône, environné de pompe, de délices et de flatteries, je me serais endormi dans les plaisirs. Mon naturel penchait à la mollesse ; mais j’ai senti la contradiction des hommes, et le tort que mes défauts me pouvaient faire : il a fallu m’en corriger, m’assujettir, me contraindre, suivre de bons conseils, profiter de mes fautes, entrer dans toutes les affaires. Voilà ce qui redresse et forme les hommes.