LXXIII
LE CARDINAL DE RICHELIEU ET LE CHANCELIER OXENSTIERN
Richelieu. — Depuis ma mort, on n’a point vu, dans l’Europe, de ministre qui m’ait ressemblé.
Oxenstiern. — Non, aucun n’a eu tant d’autorité.
Richelieu. — Ce n’est pas ce que je dis : je parle du génie pour le gouvernement ; et je puis sans vanité dire de moi, comme je le dirais d’un autre qui serait en ma place, que je n’ai rien laissé qui ait pu m’égaler.
Oxenstiern. — Quand vous parlez ainsi, songez-vous que je n’étais ni marchand ni laboureur, et que je me suis mêlé de politique autant que personne ?
Richelieu. — Vous ! il est vrai que vous avez donné quelques conseils à votre roi ; mais il n’a rien entrepris que sur les traités qu’il a faits avec la France, c’est-à-dire avec moi.
Oxenstiern. — Il est vrai ; mais c’est moi qui l’ai engagé à faire ces traités.
Richelieu. — J’ai été instruit des faits par le P. Joseph ; puis j’ai pris mes mesures sur les choses que Charnacé avait vues de près.
Oxenstiern. — Votre P. Joseph était un moine visionnaire. Pour Charnacé, il était bon négo-