autorité. Vous savez que de tous les rois qui traversèrent le siège de La Rochelle le roi mon maître fut celui qui me donna le plus de peine. Je n’ai pas laissé de donner le coup mortel au parti huguenot, qui avait tant de places de sûreté et tant de chefs redoutables. J’ai porté la guerre jusque dans le sein de la maison d’Autriche. On n’oubliera jamais la révolte de la Catalogne ; le secret impénétrable avec lequel le Portugal s’est préparé à secouer le joug injuste des Espagnols ; la Hollande soutenue par notre alliance dans une longue guerre contre la même puissance ; tous nos alliés du Nord, de l’Empire et de l’Italie, attachés à moi personnellement, comme à un homme incapable de leur manquer ; enfin, au dedans de l’État, les grands rangés à leur devoir. Je les avais trouvés intraitables, se faisant honneur de cabaler sans cesse contre tous ceux à qui le roi confiait son autorité, et ne croyant devoir obéir au roi même qu’autant qu’il les y engageait en flattant leur ambition et en leur donnant dans leurs gouvernements un pouvoir sans bornes.
Mazarin. — Pour moi, j’étais un étranger ; tout était contre moi ; je n’avais de ressource que dans mon industrie. J’ai commencé par m’insinuer dans l’esprit de la reine ; j’ai su écarter les gens qui avaient sa confiance ; je me suis défendu contre les cabales des courtisans, contre le parlement déchaîné, contre la Fronde, parti animé par un cardinal audacieux et jaloux de ma fortune ; enfin contre un prince qui se couvrait tous les ans de nouveaux lauriers, et qui n’employait la réputation de ses victoires qu’à me perdre avec plus d’autorité : j’ai dissipé tant d’ennemis. Deux fois