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LES ORIGINES NORMANDES

le risque d’être dénoncé par un barbier-juré, et de fait les examinateurs criminels devaient plus tard retenir contre lui cette charge d’avoir donné à cil qui le pansa le faux nom de Michel Mouton.

Dira-t-on que Flastier, même cousin germain, a pu montrer à François une indifférence hostile ? Comment expliquer alors qu’une poésie si personnelle, si vindicative, n’ait pas décoché au barbier sa sagette empoisonnée ? Je me refuse à admettre que du silence on ne puisse rien conclure. François parent réel, François égal, eût parlé haut. Mais la reconnaissance envers l’oncle adoptif a mis un baillon à la strophe anecdotique et pittoresquement bavarde. L’étranger a respecté le neveu du sang. N’en voulant dire du bien, au moins n’en dit-il pas de mal.

Si cet argument n’a pas convaincu, en voici un autre. Les Villon et les Flastrier étaient aisés, avaient des rentes bien assises, transmises des pères, des hoiries en pays auxerrois et à Paris, maisons, masures, jardins et pourprins. François, au contraire, était pauvre :

De poure et petite extrace.

Non, François n’est pas le fils du frère ni de la sœur de Guillaume. La famille de celui-ci est bien originaire de Villon, près Tonnerre, mais celle de François peut être de partout ailleurs.