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LES ORIGINES NORMANDES DE FRANÇOIS VILLON


13o Huguette du Hamel. C’est une curieuse figure que cette abbesse de Port-Royal. Elle allait aux fêtes et aux noces avec des gallants, et aucunes fois de nuit. Elle s’y tenait de façon à provoquer les brocards des hommes. Elle eut de graves démêlés avec ses supérieurs ecclésiastiques. Le poète, banni par arrêt du Parlement, passe chez elle, à Bourg-la-Reine, sur la route de l’exil. Il y trouve une repue franche, un court asile, pendant une semaine[1] la chère et la chair. Si dévergondée qu’ait pu être Huguette, c’est une fille de grande maison, une abbesse ; je pense qu’elle n’était pas au premier venu, fruit à portée du passant. Qu’est, après tout, Villon ? Un banni, de tout dépourvu, un compagnon de la coquille, un maigre mâle, émacié, flétri, ruiné par le jeûne et la geôle. Mais ce nom de du Hamel allume ma lanterne : c’est une Normande qui a reçu un pays.


14o Pour Katherine de Vaucelles (G. T. v. 661) les commentateurs confessent leur embarras, et qu’en vain ils fouillèrent, sans rien trouver d’elle, les chartes. Que n’étaient-ils de Caen ? Ils eussent pensé au faubourg de Vaucelles.

Villon fut, par cette cruelle amie ou mieux par ses suppôts, battu connue à ru telles (comme toiles au ruisseau). À ce trait, je reconnais une fille de Caen :

Si cela fut, c’est à Vaucelles.

Rien qu’une hypothèse, soit ; mais il est impossible d’en faire une autre, puisque, à ce nom, partout on répond « inconnu » et seulement là « présent ».

  1. Qu’en son hostel, de cochons gras
    M’apastela une semaine,
    Tesmoing l’abbesse de Pourras.

    Ce nom de Pourras, pour Port-Royal, subsiste encore dans le nom d’une ferme, ancienne dépendance de l’abbaye, au finage d’Orphin (S.-et-O.), non loin du chateau de M. Christophe, le poète fabuliste normand.