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VII

Le réalisme de Villon. Wace

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Villon a créé dans la littérature française la poésie personnelle. Ses vers poissés aux tables des bouges, ses strophes gluantes aux lits ords des paillardes, ses ballades vertébrées au charnier des Innocents, ses hoquets de pendu décroché, ses rimes qui se déchirent aux barreaux des châtelets, tout ce réalisme violent, charnel, désespéré, c’est en français une note nouvelle. C’est un sang nouveau charrié aux veines de la Race par l’afflux Scandinave[1].

Les Latins ni les Celtes ne peuvent revendiquer Villon. Ce génie nouveau nous apparaît brusquement. Et il est logique d’attribuer l’effet inopiné à la plus récente cause du même ordre ; or, les Normands sont les derniers barbares venus en Gaule.

La poésie de François Villon présente tous les caractères par lesquels la littérature normande s’est distinguée de la française et surtout s’en distinguera aux siècles qui suivront la Renaissance : le goût de la satire[2], le mélange du sublime et du grotesque, le pittoresque du mot et de l’image[3].

Si l’on m’objecte que les Normands sont déjà anciens en Gaule au quinzième siècle, je répondrai que nul ne

  1. Saint-Amand, Théophile, Régnier, seront plus tard les héritiers de Villon.
  2. Basselin, Jean Le Houx, Sonnet de Courval, Régnier, Gautier Garguille, David Ferrand, Auvray, du Lorens, l’alençonnais Corneille Blessebois, etc.
  3. Saint-Amant.