Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/142

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— Où est-il ?

— Regarde vers cette petite colline à gauche… tu ne le vois plus maintenant… des buissons le dérobent. Mais regarde toujours…

— Que voyez-vous ? demanda tout à coup Raoul Constant qui revenait d’une tranchée de l’arrière où il avait été appelé par le conseil des officiers.

— Le Moine Noir ! répondit Jules Marion.

Le voilà qui passe ! s’écria le guetteur.

Je le vois aussi, murmura Constant. Mystérieux… ajouta-t-il comme se parlant à lui-même.

Plusieurs camarades s’étaient aussitôt rassemblés autour de nos deux amis, et chacun voulait jeter son coup d’œil, sur ce moine dont les allures étranges avaient enfiévré l’imagination de nos soldats.

Depuis trois semaines, en effet, toutes espèces de rumeurs, de légendes, de fantasmagories, circulaient dans les tranchées sur le compte de ce Moine Noir. On prétendait l’avoir vu pour la première fois secourant des blessés à travers une grêle de balles et d’obus, allant, tranquille, grave et solennel comme s’il eût été seul au fond de son couvent solitaire.