Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/181

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— Oui, Violette… je désire, je souhaite ardemment, depuis ces huit jours que je vous vois, vous demander quelque chose.

— Quoi donc ? fit Violette en tressaillant.

— Violette, continua le jeune homme d’une voix qui tremblait très fort, m’avez-vous pardonné ?

— Vous pardonner quoi, Jules ?

— Ma conduite odieuse à votre égard… là-bas à Ottawa.

— Vous êtes trop sévère pour vous-même, — votre conduite a toujours été celle d’un vrai gentilhomme.

— Pourtant… vous savez bien que je vous ai soupçonnée indignement…

— Mais vos soupçons n’ont pas duré, et cela vous pardonne.

— Merci, Violette, répondit Jules avec un tressaillement de joie intérieure. Et il ajouta :

— Et même si vous ne m’aviez pas pardonné encore, vous ne pourriez me refuser ce pardon plus longtemps… car j’ai tant souffert, quand j’ai été convaincu que vous aviez dit vrai… que l’homme, que vous savez, était mon ennemi et le vôtre, — oui, quand j’ai compris que vous ne pouviez être l’amante de cet homme, — quand, enfin, quelques jours après, cet homme-là voulut m’assassiner…

— Ah ! le misérable !… il avait donc osé !… balbutia Violette en se rapprochant de Jules.

— Oui… et c’est grâce à un ami dévoué à ce brave Pascal que vous connaissez que j’ai été sauvé. Et alors… ah ! Violette… c’est alors que j’ai compris mon infâme conduite envers vous…

— Et vous avez la deuxième preuve que cet homme, tant qu’il vivra, sera un danger continuel pour vous.

— Le misérable !… murmura Jules avec mépris. Dire que j’aurais pu, ce jour-là, le livrer à la justice…

— Jules, soyez assuré que cet homme recevra le châtiment qu’il mérite.

À ce moment, le jeune homme jeta autour de lui un regard rapide pour s’assurer que personne ne les observait.

Il ne restait dans l’hôpital que deux infirmiers ; les autres avec les deux gardes-malades et le chirurgien-major étaient pour une cause ou pour une autre, sortis de l’hôpital. Jules vit les deux infirmiers en train de causer avec quelques blessés à l’autre bout de l’hôpital.

Lui et Violette étaient pour ainsi dire seuls.

Le jeune homme alors saisit l’une des mains de Violette et attira la jeune fille plus près de lui. Elle ne résista pas, — elle eut même un sourire encourageant.

— Violette, dit le jeune homme d’une voix sup-