Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/316

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— Te rends-tu avec nos voisines pour assister à la parade ?

— Moi ? Ah ! bien non… répliqua Angèle renfrognée. Vous figurez-vous par exemple, que je vais aller me montrer à un spectacle que je condamne ?… Ont-ils seulement un cœur, ces gens-là qui ont organisé leur parade ? S’ils savaient seulement ce qu’on a hâte de revoir les nôtres !… Je vous répète, moi, qu’ils sont des monstres !…

Et Angèle, plus rouge qu’une pivoine, ses yeux noirs chargés d’éclairs fulgurants, se leva brusquement et, fort boitant, ronchonnant, maugréant gagna sa cuisine d’où s’échappaient les odeurs fort appétissantes d’une rôtissoire.

Il approchait onze heures quand dans la salle à manger où tricotait l’aveugle, une commère du voisinage entra comme un coup de vent, criant d’une voix aigre :

— Ah ! Mame Marion, Mamzelle Angèle !… Ah mon Dieu !… quelle nouvelle j’ai à vous apprendre !…

— Dieu du Ciel ! s’écria l’aveugle épouvantée par l’accent étrange de la commère, est-ce encore une mauvaise nouvelle que vous venez nous apprendre ?

— Hélas ! pauvre femme… gémit la com-