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I

À NEW-YORK


En 1838, la ville de New-York n’était pas ce que nous la pouvons voir aujourd’hui ; mais elle était déjà très importante par son gros commerce. Hâtivement bâtie à l’embouchure de la rivière Hudson, elle n’avait pas la symétrie et la correction de ligne qu’on lui trouve de nos jours, et on ne l’avait pas encore décorée de ses mille tours de Babel. Elle n’était pas encore devenue la capitale de la finance juive ; en 1838, New-York était le lot presque exclusif de commerçants d’origine anglaise, et sa société, en dépit de certaines originalités qu’on s’efforçait d’inventer, et en dépit également de son puritanisme trop affecté, demeurait une société purement anglaise.

Seulement, comme on venait de se séparer du régime britannique, il importait de changer ses habitudes, son mode de vivre, son costume, sa façon de parler. On ne voulait plus être anglais, mais des « Américains », et que les Anglais, par revanche ou ironie, surnommèrent « Yankees ». Tout de même, ces