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Lina en saisissant un bras du docteur.

— Ah ! ma chère enfant, vous savez bien que mes colères n’ont pas de durée… Ah ! mon cher Benjamin, ce que je suis peiné pour toi ! Si ta douce compagne avait pu résister au mal, c’est moi qui lui aurais redonné la vie avec la santé !

— Merci, mon oncle, de ces bonnes paroles. En effet, on dit des merveilles du fameux Philtre Bleu que vous avez découvert !

— Des merveilles ?… Mais c’est l’humanité sauvée ! Ah ! ça, dis donc, mon ami, nous sommes là à causer dans ce vestibule et dans une position fort peu confortable. Au fait, je ne t’ai pas présenté à ta tante, Madame Lina Jacobson ?

Le jeune homme s’inclina encore devant le jeune femme et prononça :

— Madame…

— Monsieur Benjamin Jacobson, soyez le bienvenu au foyer de votre oncle !

Ce disant, elle indiqua au jeune homme le vestiaire où il alla déposer pelisse et canne, puis la jeune femme lui montra la porte toute ouverte du cabinet de travail où le docteur pénétrait déjà, disant :

— Par ici, Benjamin, nous causerons mieux à l’aise !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sept heures.

C’était après le dîner.

On avait quitté la table sur laquelle fumaient encore les mets les plus variés et rutilaient les carafes aux liqueurs diverses.

Le docteur et Lina avaient pris place sur un divan et dégustaient une tasse de café mélangé de rhum.

Sur un autre divan, de l’autre côté de la table. Maria et Pia grignotaient du gâteau.

Benjamin Jacobson, le neveu du docteur, occupait un fauteuil à une extrémité de la salle à manger ; il fumait béatement une cigarette qu’il venait d’allumer.

Le docteur, très beau causeur,