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Page:Fétis - Biographie universelle des musiciens, t1.djvu/235

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DE L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE

le chœur, le récitatif même, furent taillés sur le même patron, surtout depuis 1636 jusqu’en 1675. L’idée principale était presque toujours ramenée de la même manière, et trop souvent elle était en mesure ternaire. À l’instrumentation variée et pittoresque de Monteverde avait succédé une instrumentation uniforme de violes et de violons dont les accompagnemens se reproduisaient souvent dans le même genre. Le plus souvent cette instrumentation ne se faisait entendre que dans les ritournelles ; la mélodie n’était accompagnée que par le clavecin. Monteverde lui-même, entraîné par l’exemple, sembla avoir perdu ses heureuses inspirations en approchant de l’âge mûr, car il renonça à ses premières idées dans son opéra Il ritorno d’Ulisse in patria, qui fut représenté en 1641, à Venise, et dans celui de l’Incoromazione di Poppea, joué l’année suivante. Ces deux ouvrages sont bien inférieurs aux premiers du même auteur, sous le rapport de l’invention.

Étienne Landi, auteur du drame Il santo Alessio, peut être considéré comme le compositeur qui sut le mieux se défendre de la formulation des idées dans la période de 1630 à 1660. Toutes les parties de son ouvrage sont originales, inspirées et pensées avec profondeur.

Plus j’avance dans ce résumé de l’histoire de la musique, et plus j’éprouve la nécessité d’abréger, parce que l’histoire de l’art dans les temps modernes devient celle des travaux des grands artistes ; or celle-ci se trouve à sa place dans les articles de la Biographie. La fin de cette introduction historique ne renfermera donc que des noms avec une indication sommaire des modifications de l’art opérées par ceux qui les portaient. D’après ces considérations, je me bornerai à dire que Carissimi, musicien de l’école de Venise qui vécut long-temps à Rome, perfectionna les formes de la cantate, celles de l’oratorio, fit un plus fréquent usage de l’instrumentation dans la musique d’église qu’aucun des maîtres qui l’avaient précédé, et donna à la mélodie un caractère particulier qu’on peut considérer comme le type de celui de Lulli, fondateur de l’opéra français.

Alexandre Scarlatti, Napolitain, élève de Carissimi, porta plus haut que son maître les qualités du style moderne qui distinguent les productions de celui-ci. Doué d’un génie éminemment dramatique, d’un sentiment profond d’harmonie expressive et d’un goût très pur de mélodie, Scarlatti imprima un mouvement de progrès au drame musical et à la musique de concert par la beauté de ses airs et de ses cantates. Jusqu’à lui, tous les airs d’opéras furent coupés d’une manière uniforme, soit dans la conduite de la modulation,